Russie : quels risques pour les entreprises françaises ?

Rester en Russie ou partir ? Quels sont les risques pour les entreprises françaises ? Erwan Madelénat, économiste sectoriel & data scientist à Coface, répond à trois questions clés sur le commerce en Russie dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Quels sont les risques pour les entreprises françaises du retail qui restent en Russie ?

 

Les risques pour les entreprises françaises du retail sont principalement économiques. Nous prévoyons une envolée de l’inflation, à la suite de la forte dépréciation du rouble, et d’une forte récession en 2022 (-7,5 %). En Ukraine, du fait des conséquences du conflit, nous prévoyons, à l’heure où nous écrivons, une chute du PIB de 15 %. Au sujet des sanctions, le gouvernement russe menace les entreprises qui quitteraient le territoire de saisir leurs actifs.

 

Quitter aujourd’hui la Russie signifie-t-il tirer une croix définitive sur ce marché ?

Non. Certes, l’Union Européenne a affiché son intention de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’énergie russe et interdit les exportations de certains produits comme les produits de luxe ou certains biens technologiques et les importations de produits sidérurgiques depuis la Russie, mais les flux commerciaux se poursuivent. Il est toutefois probable que les échanges commerciaux soient moins importants à l’avenir, notamment si l’UE arrive effectivement à réduire ses importations énergétiques russes.

 

Quelles sont les difficultés à venir pour les entreprises qui exportent ou importent des produits russes ?

Les entreprises françaises importatrices de matières premières russes (agricoles, énergétiques et minérales) vont être confrontées aux prix élevés de ces dernières. Cependant, les entreprises qui importent ces matières premières d’autres origines que la Russie seront soumises à des difficultés similaires, puisque la hausse des prix concerne les cours mondiaux. De plus, les entreprises important les matières premières de Russie risquent de rencontrer des difficultés d’approvisionnement, les transporteurs maritimes ayant réduit leurs chargements en Russie et en Ukraine. Les entreprises exportant vers la Russie seront impactées soit directement par l’interdiction d’exportation de certains produits, soit indirectement par l’effondrement de l’activité et de la demande en Russie.

 

Erwan Madelénat, économiste sectoriel & data scientist, est interviewé le 17 mars 2022 par Cécile Buffard du magazine Points de Vente.