Tchad

Afrique

PIB / Habitant ($)
982,4 $
Population (en 2021)
17,9 Millions

Evaluation

Risque Pays
D
Climat des affaires
E
Précédemment
D
Précédemment
E

suggestions

Résumé

Points forts

  • Réserves de productivité agricole et de terres arables, avec l’élevage, le coton, la gomme arabique et les oléagineux
  • Diverses ressources minérales, notamment or (18,6% des exportations) et pétrole (77,5% des exportations), ce dernier générateur majeur de devises et de recettes fiscales
  • Premier pays à être parvenu à un accord de restructuration de dettes dans le cadre commun du G20
  • Membre de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale
  • Membre de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), taux de change fixe avec l’euro
  • Une des plus fortes armées d’Afrique

Points faibles

  • Extrême pauvreté généralisée (36,5% de la population), insécurité alimentaire répandue (3,4 millions de personnes en 2024) du fait de la faible productivité de l’agriculture de subsistance dont dépend 80% de la population, sous-emploi, chômage, infrastructures médiocres
  • Enclavement, exposition au changement climatique avec inondations, sécheresse : le lac Tchad, jadis principale source d’eau pour l’irrigation, bien que stabilisé, n’a plus que 10% de sa taille des années 1960
  • Dépendance budgétaire aux revenus du pétrole (40% des recettes fiscales) dont les champs arrivent à maturité
  • Manque de contrôle des autorités sur de larges parts du territoire et les frontières favorisant l’informalité, le trafic d’or, d’armes, mais aussi d’individus, l’évasion fiscale, et l’absence de services publics
  • Proximité géographique et communautaire 1) avec un Soudan en proie à la guerre civile depuis avril 2023, provoquant un important afflux de réfugiés et perturbant le commerce transfrontalier, 2) avec une Libye écartelée entre deux gouvernements, favorisant la porosité de la frontière, la présence de groupes armés rebelles et les trafics
  • Fragilité politique : mainmise du pouvoir sur les institutions, répression de l’opposition, faible légitimité des dirigeants, groupes armés rebelles ou djihadistes, différends entre éleveurs et agriculteurs sur fonds ethnique

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
37%
Émirats arabes unis
24%
Chine
17%
Taïwan (République de Chine)
11%
Turquie
3%

Import des biens en % du total

Chine 29 %
29%
Europe 20 %
20%
Cameroun 15 %
15%
Turquie 12 %
12%
Inde 5 %
5%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Une activité économique pénalisée par les inondations et menacée par la nationalisation du pétrole

Le gouvernement a nationalisé les actifs pétroliers et les permis d’exploration d’ExxonMobil en 2023, pour empêcher la multinationale de vendre ses opérations à Savannah Energy, une entreprise britannique. Ayant ainsi repris le contrôle du champ pétrolier de Doba et de l'oléoduc Tchad-Cameroun, le gouvernement tchadien pourrait se heurter à son manque d'expertise et de capacités financières pour gérer et développer ces infrastructures. Cela risque d’affaiblir le secteur et de décourager les investissements étrangers rendus nécessaires par le vieillissement des champs pétroliers, pour assurer le maintien du niveau de production. La formation de capital fixe totale devrait donc représenter seulement 0,5% du PIB en 2024, et 0,2% en 2025. Les conséquences sur la production pétrolière risquent d’apparaitre rapidement, car, malgré une augmentation de la production attendue en 2024 à 140 000 barils par jour, la production de pétrole pourrait commencer à diminuer dès 2025, atteignant 128000 barils par jour.

Par ailleurs, la baisse de la production agricole, causée par les inondations catastrophiques de l'été et de l’automne 2024, engendrera des pressions inflationnistes, déjà nourries par la hausse de 40 % des prix des carburants en février, ce qui affectera la consommation privée. Néanmoins, on attend un redressement du secteur agricole en 2025, permettant une modération progressive de l'inflation.

Les dépenses et les investissements de l’Etat seront contraints par les revenus limités du secteur pétrolier. La dépense publique se concentre sur la défense et la sécurité, dans l’optique de la lutte contre le djihadisme aux confins du Nigeria et du Cameroun autour de la région du lac Tchad, ainsi que les rebelles au nord.

Creusement des déficits lié à une baisse des recettes pétrolières et des dépenses publiques conséquentes

Le déficit du compte courant devrait s'accroître en 2025, en raison de la dégradation de la balance commerciale, liée à l’érosion des recettes pétrolières. Le déficit des services restera élevé, en raison des services nécessités par l'industrie pétrolière. En revanche, une diminution du déficit des revenus primaires est attendue, principalement en raison de la disparition des rapatriements de bénéfices par ExxonMobil. Le compte des revenus secondaires, qui reflète les flux d'aides au développement, devrait rester excédentaire.

Le déficit public devrait se creuser en 2025, en raison de l'augmentation des dépenses publiques dans l'éducation, la santé, l’emploi public et les subventions à l'électricité et à l'alimentation. À cela s'ajoutent d'importants projets d'infrastructures routières, hydrauliques et énergétiques, ainsi que les dépenses d'urgence liées aux inondations. Malgré les efforts de rationalisation budgétaire soutenus par le FMI, les recettes fiscales resteront insuffisantes pour couvrir ces dépenses. Le Tchad bénéficie actuellement d'une Facilité élargie de crédit (FEC) du FMI, approuvée fin 2021 pour trois ans et d'un montant total de 570,75 millions de dollars, dont 149,3 millions ont été déboursés à octobre 2024. La troisième revue du programme, réalisée en mai 2023, n’a pas été validée en raison de dépassements importants dans les dépenses civiles et militaires. Cela a suspendu tout nouveau décaissement. Avec l'échéance de ce programme en décembre 2024, le Tchad cherchera probablement à négocier un nouvel accord avec le FMI pour répondre à ses besoins de financement.

En décembre 2022, le Tchad a conclu un accord de rééchelonnement jusqu’à fin 2024 de sa dette publique extérieure (environ la moitié de sa dette publique). Cette part est répartie entre dette bilatérale (38 %), dette multilatérale (47 %) et dette commerciale principalement détenue par Glencore. (15 %, mais générant plus de la moitié de son service).

Un épisode électoral sans surprise en 2024 dans un contexte sécuritaire et humanitaire tendu

Mahamat Idriss Déby a été élu président du Tchad en mai 2024 avec 61 % des voix lors d'une élection fortement contestée, marquée par une opposition restreinte et l'exclusion de ses principaux candidats, dont Yaya Dillo Djerou, tué par les forces de sécurité. Ce scrutin a mis fin au Conseil militaire de transition (CMT) mis en place en avril 2021 par l’armée et Mahamat Idriss Déby, après la mort de son père tué par des rebelles. Toutefois, le pays reste profondément instable sur le plan politique et sociale, avec une population mécontente, confrontée à l'insécurité et à la pauvreté. Les élections législatives, provinciales et communales, prévues pour le 29 décembre 2024, largement boycottées par l’opposition, devraient voir la victoire de la Coalition pour un Tchad uni, dirigée par le président.

Le gouvernement fait face à de graves risques sécuritaires, même si les affrontements entre groupes rebelles et l’armée ont beaucoup perdu en intensité depuis 2021. Parmi les menaces majeures figurent le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), qui a rompu le cessez-le-feu en août 2023, ainsi que le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), actif à la frontière libyenne et impliqué dans le conflit du Darfour soudanais. De plus, des menaces islamistes persistent, dans la région du lac Tchad, où des groupes affiliés à l’État islamique et à Boko Haram continuent leurs opérations. La surexploitation et la croissance démographique intensifient la concurrence pour les ressources en eau, exacerbant les conflits entre éleveurs issus du nord et amenant leurs troupeaux au contact des populations agricoles du centre et du sud du pays.

Le Tchad continue à maintenir des relations étroites avec la France, partenaire clé en matière de sécurité depuis le déploiement d'un millier de soldats français depuis 1983. Dernier pays du Sahel à conserver des liens avec Paris, la France a soutenu l’accession au pouvoir de Mahamat Idriss Déby après la mort de son père. Cependant, cela n’exclut pas des relations avec la Russie. Sur le plan régional, le gouvernement tchadien reste officiellement neutre dans la guerre civile soudanaise, cherchant ainsi à éviter un débordement. Toutefois, le Soudan accuse le Tchad d’approvisionner les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR), de nombreux Tchadiens Rizegat (éleveurs nomades) et des communautés arabes frontalières combattant pour les FSR. La guerre civile au Soudan provoque une crise humanitaire au Tchad, avec l'accueil de plus 623 000 réfugiés en 2024, dont 173000 rapatriés tchadiens.

Dernière mise à jour : octobre 2024

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