Zimbabwe

Afrique

PIB / Habitant ($)
2 119,3 $
Population (en 2021)
16,6 Millions

Evaluation

Risque Pays
E
Climat des affaires
E
Précédemment
E
Précédemment
E

suggestions

Résumé

Points forts

  • Ressources minières abondantes (or, nickel, lithium, platine, diamant, etc.)
  • Richesse agricole (maïs, tabac, coton)
  • Potentiel de développement touristique

Points faibles

  • Économie sinistrée par l’hyperinflation
  • Pénuries de liquidités et de devises aggravées par la corruption endémique et la contrebande
  • Financements extérieurs rendus presque inaccessibles à cause d’une dette insoutenable et d’arriérés massifs auprès des institutions financières internationales et des créanciers bilatéraux
  • Dépendance aux cours volatils des matières premières dont une partie franchit illégalement les frontières
  • Importante dollarisation de l’économie (environ 75 % des transactions)
  • Infrastructures sous-développées (routes, énergie, eau, assainissement, etc.)
  • Faiblesse des investissements et de la productivité
  • Situation alimentaire et sanitaire précaires, dépendance à l’aide humanitaire
  • Pauvreté et informalité très répandues, chômage de masse (21 % de la population en 2023)

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Afrique du Sud
31%
Émirats arabes unis
26%
Chine
18%
Mozambique
5%
Europe
5%

Import des biens en % du total

Afrique du Sud 52 %
52%
Chine 22 %
22%
Bahamas, Commonwealth of the 7 %
7%
Bahreïn 6 %
6%
Émirats arabes unis 6 %
6%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Une économie frappée par la sècheresse et l’hyperinflation

Rudoyée par l’incertitude chronique qui handicape la consommation et l’investissement privés depuis plusieurs années au Zimbabwe, la croissance économique sera plus faible en 2024, à cause d’une production agricole (environ 10 % du PIB pour plus de 60 % des emplois) plombée par les conséquences dramatiques du phénomène climatique El Niño. Toutefois, de meilleures récoltes, le dynamisme (en demi-teinte) du secteur minier ainsi que la progression du tourisme, devraient contribuer au rebond de la croissance en 2025. Si la chute des cours du nickel (32,3 % des exportations en 2022) amputera les revenus d’exportation de produits miniers – principale porte d’entrée de devises étrangères –, les prix durablement élevés de l’or (30,3 %) compenseront les pertes, tandis que foisonnent les projets d’exploitation de lithium, dont le pays dispose des plus grandes réserves d’Afrique. En décembre 2022, le Zimbabwe a d’ailleurs suspendu ses exportations du minerai sous sa forme brute, dans le but d’encourager le développement d’une filière de transformation locale et d’attirer des investisseurs étrangers, presque exclusivement chinois. Une décision à l’origine de la signature d’un accord de 310 millions de dollars en juin 2024 pour la construction d’un concentrateur de lithium (consortium sino-britannique), opérationnel début 2026. Néanmoins, la stratégie du pays se heurte à un environnement des affaires dégradé et, plus encore, à des coupures d’électricité récurrentes, qui coûteraient jusqu’à 6 % du PIB chaque année, malgré l’extension des capacités de la centrale thermique Hwange en 2023 pour compenser la baisse de la production hydroélectrique causée par la sècheresse. Les dépenses publiques de modernisation des infrastructures, en particulier du réseau routier, participeront également à soutenir l’expansion du secteur de la construction, même si le profond désintérêt des créanciers extérieurs, rebutés par une dette insoutenable, restreignent assez largement les perspectives de croissance à long terme, en-deçà de l’objectif de 5 % par an.

Plusieurs épisodes d’hyperinflation provoqués par une dépréciation fulgurante de sa devise (cours officiel) ont éprouvé l’économie du pays au cours des dernières années. Le dernier en date, d’environ 70 % sur les trois premiers mois de 2024, a contraint la Reserve Bank of Zimbabwe (RBZ) à remplacer, le 5 avril 2024, après moins de cinq ans d’existence, l’ancien dollar zimbabwéen par une nouvelle devise adossée au dollar américain et garantie par les réserves minérales du pays, le Zimbabwe Gold (ZiG), qui avait déjà perdu près de la moitié de sa valeur face au dollar six mois seulement après son introduction. Les pressions inflationnistes subsistent – parmi lesquelles la sècheresse, à l’origine d’une grave pénurie de denrées alimentaires, ou les hausses de taxes domestiques – et continueront de peser sur la consommation des ménages, leur baisse de pouvoir d’achat n’étant que très partiellement compensée par des hausses de rémunérations.

Accès fortement restreint aux financements extérieurs

La situation budgétaire devrait rester dégradée en 2025, comme en 2024. En cause, les dépenses supplémentaires d’urgence pour répondre à la crise agricole (essentiellement des importations de denrées alimentaires), les investissements élevés pour la modernisation des infrastructures du pays et la hausse des salaires des fonctionnaires (près de 45 % des dépenses de l’État en 2024) pour tenter de répondre à l’hyperinflation. Dans le même temps, les récentes mesures fiscales (hausse des impôts sur les sociétés et sur les exportations de lithium, introduction de taxes sur les plus-values minières et sur le sucre, etc.), dont certaines ne sont en fait pas appliquées – décrédibilisant le budget –, ne compenseront pas complètement la progression des dépenses. En raison de la difficulté à le financer autrement que par recours à l’emprunt auprès de banques locales et de quelques rares partenaires étrangers (bilatéraux ou banques commerciales), en majorité chinois, le risque de monétisation du déficit public persiste malgré les engagements officiels à ne plus y recourir.

Après deux décennies de suspension du service de sa dette, le Zimbabwe reprend, depuis 2021, les remboursements – encore symboliques – auprès de ses créditeurs extérieurs. Néanmoins, les négociations autour de l’apurement de ses arriérés et d’une restructuration progressent lentement, restreignant tout soutien financier international significatif. Le poids de la dette publique – dont environ 70 % est détenu par des partenaires étrangers – devrait pourtant s’alléger en 2024 et plus encore en 2025, grâce au rebond de la croissance. Le Zimbabwe prévoit d’ailleurs d’adopter, en gage de bonne foi, un programme de référence du FMI (horizon incertain), qui assurerait, de manière informelle, le suivi de son économie.

Avec des importations accrues, en lien avec la sècheresse qui a durement frappé le secteur agricole, ainsi que les besoins en biens d’équipement pour la modernisation des infrastructures de transport, le solde commercial devrait légèrement passer dans le rouge en 2024. Une tendance aggravée par la croissance moins soutenue des exportations, essentiellement minières. Un phénomène qui devrait toutefois s’inverser en 2025. En parallèle, les importations de services, ainsi que les rapatriements de dividendes des entreprises étrangères, liés à l’exploitation minière, continueront de peser. Ces deux postes seront plus que compensés par les envois de fonds croissants des travailleurs immigrés, principal moteur du faible excédent du compte courant. Néanmoins, la position extérieure du Zimbabwe restera fragile en raison des entrées limitées et des sorties clandestines de capitaux. Ainsi, les IDE, déjà particulièrement faibles et concentrés dans le secteur minier, sont prévus à la baisse en 2024/2025.

Élections controversées sur fond d’isolement international

Porté au pouvoir en novembre 2017 après une période de « transition assistée par l’armée », qui avait forcé Robert Mugabe à la démission après plus de 30 ans à la tête du pays, le président Emmerson Mnangagwa est réélu en 2023 pour un second mandat. Au même moment, le parti présidentiel (ZANU-PF), aux commandes du pays depuis son indépendance en 1980, remportait les législatives et s’assurait une majorité au Parlement. Les élections furent néanmoins entachées par de multiples irrégularités, dénoncées par l’opposition, tandis que les observateurs internationaux ont pointé leur manque de transparence. Le mécontentement de la population, exacerbé par l’hyperinflation, l’insécurité alimentaire, la dégradation des conditions de vie, la progression de la prévalence de la pauvreté (dont le taux est passé de 21,6% en 2011 à 39,8% en 2019) et le non-respect des libertés civiles, reste pourtant contenu par les forces de sécurité, conduites d’une main de fer par le gouvernement.

Un temps perturbée par les troubles post-électoraux, la stratégie de réengagement international du pays, ainsi que les négociations autour de la restructuration de sa dette, reprennent timidement. Les relations avec l’Occident demeurent tendues, l’Europe et les États-Unis appliquant des sanctions économiques à l’encontre de plusieurs hauts dirigeants du Zimbabwe, dont le président Mnangagwa lui-même, accusés de corruption et de violations des droits de l’homme. Dans ce contexte, la Chine reste un allié économique de taille, assurant la quasi-totalité des investissements étrangers, en particulier dans le secteur minier, alors que l’Afrique du Sud s’inscrit comme le principal partenaire commercial du pays, qui ne dispose d’aucun accès à la mer. À l’échelle régionale, la mauvaise réputation du régime n’a pas empêché le Zimbabwe de prendre la présidence tournante de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en août 2024 pour une durée d’un an.

Dernière mise à jour : novembre 2024

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