Pakistan

Asie

PIB / Habitant ($)
1 458,0 $
Population (en 2021)
231,4 Millions

Evaluation

Risque Pays
D
Climat des affaires
C
Précédemment
D
Précédemment
C

suggestions

Résumé

Points forts

  • Grand marché intérieur (241,5 millions d'habitants) bénéficiant des envois de fonds des expatriés (8,5% du PIB)
  • Main-d'œuvre nombreuse et peu coûteuse
  • Développement de corridors économiques avec la Chine et l'Asie centrale, porte sur l'Océan Indien
  • Un acteur majeur de la finance islamique

Points faibles

  • Voisinage tendu, fragilité politique et insécurité intérieures
  • Important secteur informel (80% des emplois qui ne bénéficient pas de protection sociale), faibles recettes fiscales (12,5% du PIB) et risque de défaut sur la dette publique
  • Entreprises d'État importantes et inefficaces
  • Éducation (40% d’analphabètes), santé, infrastructures et agriculture inadéquates
  • Développement retardé du Baloutchistan, favorisant le séparatisme, et des zones rurales, propice au développement de l'islamisme radical
  • Dépendance énergétique, production d'électricité déficiente
  • Faiblesse de l'industrie manufacturière (13 % du PIB) et de la base d'exportation

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
26%
États-Unis d'Amérique
18%
Chine
10%
Royaume-Uni
7%
Émirats arabes unis
5%

Import des biens en % du total

Chine 23 %
23%
Émirats arabes unis 10 %
10%
Arabie saoudite 9 %
9%
Indonésie 7 %
7%
Qatar 7 %
7%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Une croissance affaiblie par l’inflation et l’insécurité

L'économie a légèrement reculé en 2023, pénalisée par une inflation galopante déclenchée par les larges inondations dans la vallée de l'Indus fin 2022, ayant détruit une grande partie des terres agricoles, et la guerre en Ukraine qui a poussé les prix alimentaires à la hausse. De plus, la dépréciation accélérée de la roupie depuis janvier 2023 (-20%) et les hausses du prix du gaz et des taxes réclamées par le FMI dans le cadre du programme d’Accord de Confirmation ont aussi alimenté l'inflation. Cette dernière ralentira en 2024 grâce au tassement des prix alimentaires mondiaux et à la transmission, même imparfaite, de la politique monétaire restrictive ; la Banque centrale a relevé son taux à 22% en juillet 2023. L’inflation restera néanmoins élevée et continuera de peser sur la consommation privée (80% du PIB), alors que les dépenses publiques seront toujours limitées par l’étroitesse des marges de manœuvre budgétaire. L’investissement privé restera entravé par les taux d’intérêt élevés pratiqués par les banques commerciales et par l’instabilité (géo)politique : incertitudes sur la formation d’un gouvernement, influence de l’armée, attaques terroristes… Les tensions intérieures et extérieures retardent les projets d’infrastructures transfrontaliers. La construction du corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), lancée en 2013, pourrait renforcer l'intégration régionale et commerciale du pays en reliant Kashgar dans le Xinjiang chinois au port pakistanais de Gwadar, sur l'océan Indien. En juillet 2023, la Chine a accordé la prolongation de deux ans d’un prêt connexe de 2,4 milliards USD. Toutefois, le projet est compromis par des risques liés à la dette et aux problèmes sécuritaires, car le port se trouve au Baloutchistan et à proximité de l'Iran, région touchée par des attaques de groupes autonomistes. Cette situation, ajoutée aux sanctions états-uniennes contre l'Iran, retarde aussi la construction d'un gazoduc binational. L’arrivée des Talibans au pouvoir en Afghanistan, en 2021, a repoussé l'achèvement de la ligne électrique Asie centrale-Asie du Sud (CASA1000) entre le Tadjikistan, le Kirghizistan et le Pakistan, ainsi que celui du gazoduc TAPI (Turkménistan, Afghanistan, Pakistan, Inde) destiné à transporter le gaz turkmène vers le Pakistan et l'Inde. Du côté de l’offre, la croissance sera soutenue par le redressement des activités agricole (23% du PIB) et textile, qui dépend de la production locale de coton, via des effets de base, ces secteurs ayant été minés par les inondations l’année dernière. En revanche, la croissance des services (commerce de gros et de détail), qui représentent 58% du PIB, sera modeste, car pénalisée par la faiblesse de la demande intérieure.

Tensions sur la dette et les finances publiques

En juillet 2023, le pays a évité de justesse le défaut de paiement grâce à un plan de sauvetage du FMI, le 23e en 60 ans, un Accord de confirmation de 3 milliards d'USD dont 1,9 milliard ont déjà été déboursés. Cet accord a permis de débloquer des fonds saoudiens (2 milliards d'USD) et émiratis (1 milliard d'USD). Cependant, avec un eurobond d'un milliard de dollars arrivant à échéance à la mi-avril 2024 et l’accord de confirmation expirant au début du même mois, le nouveau gouvernement souhaitera rapidement négocier un nouvel accord avec le FMI afin d'obtenir de nouveaux fonds, essentiels à la viabilité de la dette. Il essayera donc de maintenir de bonnes relations avec les Etats-Unis, compte tenu de leur influence sur le FMI, ainsi qu'avec la Chine et les pays du Golfe, principaux créanciers bilatéraux du pays. La dette extérieure représente 40 % de la dette publique totale. Les créanciers étrangers sont principalement multilatéraux et bilatéraux (85%), les créances chinoises (banques officielles et commerciales) représentant 28,6% de la dette extérieure. La dette intérieure, qui représente 60 % de la dette publique totale, est presque exclusivement libellée en roupies pakistanaises et représente 85 % du total des intérêts.

En 2024, les finances du pays resteront fortement contraintes par la faiblesse des recettes (12,5 % du PIB) due à l'informalité, aux exonérations, à l'évasion fiscale et à la corruption. Elles sont grevées par le service de la dette (23 % du PIB, amortissement et intérêts compris), les paiements d'intérêts représentant à eux seuls plus de 60 % des recettes publiques. Les importantes dépenses militaires de ce pays doté de l'arme nucléaire absorberont 14 % des recettes. Cependant, au cours de l'année fiscale 2023-24, le déficit public diminuera très sensiblement grâce aux réformes d’austérité exigées par le FMI. Le pays poursuivra la mise en place de la suppression des subventions à l'énergie et le flottement du taux de change, et devra réformer le secteur public surendetté (notamment les entreprises publiques) et renforcer la gouvernance. Alors que les besoins de financement public brut du Pakistan dépassent les 20 % du PIB, ces mesures devraient lui permettre de négocier un nouvel accord avec le Fonds.

Un compte extérieur fragile

La balance commerciale du Pakistan est structurellement déficitaire (-10,5% du PIB en 2022) en raison de sa forte dépendance aux importations, essentiellement énergétiques et alimentaires, dont la facture dépasse largement les recettes d’exportations. Ces dernières sont dominées (60% du total) par les articles textiles (vêtements et linge) fabriqués à partir du coton produit localement (cinquième producteur mondial), principalement à destination des Etats-Unis et de l'Europe de l'Ouest. La vulnérabilité des récoltes de coton aux aléas climatiques (mousson), la faible valeur ajoutée de l’habillement et l'étroitesse du secteur manufacturier (13% du PIB) fragilisent le commerce extérieur du pays. Cette forte dépendance aux importations, ainsi que l’insignifiance des investissements étrangers (0,45% du PIB) pèsent sur les réserves de change tombées à 3 semaines d’importations début 2023. Elles se sont progressivement renflouées durant l’année grâce à la compression des importations, à la résistance des remises d’expatriés, ainsi qu’au financement bilatéral et multilatéral. En 2024, le pays continuera de bénéficier de l’aide internationale pour financer son très léger déficit courant. Celui-ci augmentera en raison de la levée progressive des restrictions à l’importation.

Coalition fragile des partis traditionnels dans un climat (géo)politique tendu

Aucun parti n'a réussi à obtenir la majorité absolue lors des élections législatives aux résultats contestés du 8 février 2024. Au total, 128,5 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, pour un taux de participation de 47%. Les candidats indépendants sont arrivés en tête (101 sièges), dont 93 affiliés au Pakistan Tehreek-e-Insaf ou Mouvement pakistanais pour la justice (PTI) mais n'étaient pas autorisés à se présenter sous les couleurs du parti. En effet, son leader, le précédent Premier ministre Imran Khan, est emprisonné depuis août 2023 pour multiples chefs d'accusation. En deuxième position, le Pakistan Muslim League-Nawaz (PML-N), dirigé par Nawaz Sharif, a obtenu 75 sièges, suivi par le Pakistan People's Party (PPP) avec 54 sièges. Bien que sorti en tête, le PTI n’a pu prendre les rênes du pouvoir. En effet, le PML-N et le PPP ont laborieusement uni leurs forces, avec cinq autres partis, pour obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale (169 sièges sur 336). Ils bénéficieront également d'une part proportionnelle des 70 sièges réservés aux femmes et aux minorités non-musulmanes. Ces deux partis traditionnels alternent au pouvoir depuis l’indépendance simultanée du Pakistan et de l’Inde en 1947. Shehbaz Sharif, nommé par son frère, devrait prendre la tête du gouvernement suite au vote parlementaire du 29 février. Le nouveau gouvernement gérera le pays sous la surveillance de l’armée. Depuis 1947, celle-ci a renversé le gouvernement à trois reprises et directement dirigé le pays pendant plus de trois décennies, au total. Le chef d'état-major de l'armée, Asim Munir, conservera sa mainmise sur la défense et les affaires étrangères, invoquant l'insécurité intérieure et le voisinage dangereux.

Le processus électoral a été marqué par des irrégularités, ainsi que par d’importantes violences, qui se sont poursuivies après les élections. Cette violence s’inscrit dans un contexte socio-économique difficile, dans lequel la croissance démographique rapide (+2% par an) surpasse la croissance économique et maintient la pauvreté (40% de la population). La compression des importations, tout en contribuant à la hausse des prix, a entraîné des pénuries généralisées de nourriture et de carburant en 2023. La déficience des systèmes de santé et d'éducation, le taux de chômage élevé (8,5 % dans la seule économie formelle) et l'informalité (80 % des emplois sans protection sociale) exacerbent la précarité dans un contexte de rigueur budgétaire et de corruption généralisée. Cette situation alimente le terrorisme islamiste et a conduit plus de 860 000 Pakistanais à quitter le pays en 2023, à la recherche d'un emploi. Par ailleurs, les tensions avec les pays voisins, notamment l'Inde (cessez-le-feu au Cachemire depuis 2021), l'Afghanistan (frontière contestée) et l'Iran (population baloutche partagée), alimentent l'instabilité. Téhéran et Islamabad s'accusent mutuellement de ne pas en faire assez face aux groupes baloutches autonomes qui commettent des attentats dans les deux pays, dénonçant le retard de développement et l'absence de contrôle sur leurs ressources minières.

Dernière mise à jour février 2024

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